Un peu d'histoire
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Il est difficile aujourd’hui d’imaginer que le bâtiment discret du « Lycée 45 », établissement d’enseignement général sous contrat, est le plus vieil édifice de la place de l’ex « Nouveau Bazar ».

Sur un plan de la ville de 1868 nous voyons déjà le contour en forme de « P » russe du bâtiment où était installé le premier établissement d’enseignement municipal : c’était une école de « district » fondée en 1827 ; toutefois le bâtiment n’était pas entièrement utilisé pour des besoins éducatifs : en effet les classes et les bureaux n’occupaient que le premier étage et une partie du rez-de chaussée le long de la rue Moskovskaïa ; le long de la rue de l’Ancienne Poste, le sous-sol surélevé et une partie du rez-de chaussée étaient loués par des propriétaires de magasins : cela n’a rien d’étonnant car l’édifice se trouvait à la limite sud d’une place commerçante : à partir de 1890, par exemple, lorsque l’école privée de M.A. Papkov se trouvait ici, le propriétaire de l’immeuble était le marchand P.D. Mukhin.

La façade principale du bâtiment était mise en valeur par des médaillons placés au-dessus des pilastres ; et l’entrée principale avec son porche bas, était composée d’une grande porte à double battant dont la partie supérieure (l’imposte) formait un demi-cercle.

Un grand escalier occupait le centre du bâtiment ; il donnait sur un vestibule flanqué de deux locaux en vis à vis qui menaient aux salles de classe, aux bureaux, aux toilettes et aux locaux de service.

A l’origine il n’y avait pas de frais de scolarité ; mais à partir de 1867, chacun dut payer 5 roubles-argent, à l’exception des enfants dont les parents résidaient dans la ville.

En 1877 l’école de « district » pour garçons est transformée en école municipale de quatre classes ; le calendrier de Don-Azov de 1892 rapporte que l’école est remplacée par l’établissement privé de première cathégorie du conseiller d’Etat M.A. Papkov ; il comprend une section de premier cycle, des sections de commerce et un pensionnat. M.A. Papkov y avait réuni de nombreux enseignants chevronnés : parmi eux, Andréï Semenovitch Tchinionov (1855-1934), diplômé de l’école Stroganov de Moscou, qui y enseignait la calligraphie, le dessin technique et la peinture.

En 1896, Tchinionov fait ouvrir des classes d’Art à Rostov. Parallèlement il fonde un atelier de méthodes pédagogiques pour le dessin. En 1900, à l’Exposition Universelle de Paris, une nouvelle méthode d’enseignement du dessin et ses méthodes pédagogiques reçoivent un diplôme d’honneur, et le pédagogue reçoit une médaille de bronze à titre personnel ; le Ministère français de l’Instruction Publique acquiert des copies des modèles présentés.

En 1906 le lycée privé pour garçons de Nicolaï Pavlovitch Stepanov s’installe dans un bâtiment de la Grande Avenue de Rostov. N.P.Stepanov enseigne à Rostov depuis 1881; au début il enseignait le russe et la littérature dans un lycée municipal, puis il a créé un lycée privé et en peu de temps, réuni un groupe d’enseignants partageant les mêmes idées, et grâce auquel le lycée devient le meilleur de la ville.

En 1914 on construit, pour l’y installer, un bâtiment de trois étages à l’angle de la rue de la Cathédrale et de la rue Sennaïa (aujourd’hui rue Gorki). Désormais le bâtiment libéré en 1912 sur la Grande Avenue abrite un lycée privé pour jeunes filles avec un pensionnat et un jardin d’enfants ; l’ensemble est géré par Madame Terterian pendant près de cinq ans. Ensuite un nouveau lycée s’y installe, dirigé par l’enseignant Ilya Grigoriévitch Shershevsky. Cet établissement, créé en 1918 sur la base d’une école primaire, cède la place trois ans plus tard à une école renommée « l’école de travail de première classe soviétique n°96 » , dont le directeur est toujours I.G.Shershevsky.

En 1922 l’école est de nouveau transférée dans un autre bâtiment, mais deux ans plus tard elle regagne ses murs. Pendant quelques années une école de musique et un magasin qui donnait sur la rue Moskovskaïa fonctionnent là en même temps. Et c’est la fille du fondateur de l’école , E.I.Shershevskaïa, qui est nommée directrice de cette école n°96 ; celle-ci se distingue des autres écoles de Rostov par le fait qu’à partir du milieu des années 20, on y enseignait l’hébreu en option.

En 1926 l’école devient une école « de neuf ans », c’est à-dire un établissement d’enseignement fondamental en neuf ans, et porte le nom de P.P.Blonsky, un psychologue célèbre. Au début des années 30 on attribue à l’école l’ensemble du bâtiment.

En 1936 elle devient l’école secondaire n°45 et porte le nom de « Piatiletka en 4 ans » ; l’année suivante on lui donne le nom de Kirov, homme politique célèbre.

Cependant les changements politiques et les noms très officiels donnés à ces écoles n’ont heureusement aucune incidence sur le maintien des ateliers éducatifs traditionnels - littéraire et dramatique – qui ont été créés par l’excellent pédagogue N.A.Voïtsel et qui continuent à fonctionner. Plus tard, les noms d’anciens élèves tels que : Grigori Chmouylovski, Dmitri Badalian, Vitali Semenine qui ont consacré leur vie à la littérature, seront connus non seulement à Rostov, mais dans tout le pays.

Une page triste et glorieuse dans l’histoire de l’école, c’est sans doute l’époque de la Grande Guerre Patriotique. L’établissement garde en mémoire ses élèves tombés au front en héros de l’Union Soviétique : l’artilleur Marc Gaskell, l’infirmière du régiment de la Milice Populaire Zinaïda Kozlova, l’artilleur Dmitri Badaliyan, le partisan Grigori Chmouylovski, le sous-marinier V.Koulis, le technicien-radio V.Braoussévitch, le médecin militaire T.Feldman, le marin M.Guirchtein…

En 1944 l’école revient à son activité éducative ; c’est alors une école de filles. Grâce à l’énergie de son directeur, le bâtiment a été reconstruit en peu de temps et une nouvelle équipe pédagogique passionnée a repris le travail. L’école devient rapidement l’établissement le plus prestigieux du centre ville.

A la fin des années 50, c’est déjà une école d’enseignement mixte. Le premier directeur de la période d’après-guerre, A.I.Donnikova, contribue pendant de longues années à l’épanouissement de l’école, ce qui lui vaut le titre bien mérité de « Professeur des peuples de l’URSS ».

Dans les années 60 grâce aux travaux de restauration, le bâtiment a été renouvelé et son aspect d’autrefois a complètement changé ; il faut reconnaître qu’il a malheureusement perdu une partie de son charme architectural.

Vers la fin des années 70 l’école est devenue un établissement d’apprentissage approfondi de la langue française à laquelle il se consacre désormais. De nombreux élèves lauréats et gagnants des Olympiades et des concours linguistiques de français en sont les témoins.

En 1980, les rencontres avec d’anciens élèves des promotions des années 30-40 deviennent des événements incontournables. Les fortes impressions produites par ces rencontres éveillent le désir chez les élèves et leurs professeurs de constituer un album de Mémoires consacré à l’histoire de l’école : « Chroniques de l’école n°45 ».

Aujourd’hui l’établissement d’enseignement général sous contrat – Lycée 45 poursuit son activité éducative tout en gardant ses traditions.